L'intérêt d'une RQTH

 

La RQTH (Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé) peut être attribuée pour une période allant de 1 an à 5 ans, voire 10 ans. Et depuis peu, peut être aussi accordée "à vie" lors du renouvellement.

 

Elle peut être donnée avec une orientation :

 

Milieu protégé – qui recouvre les ESAT (ex CAT), Etablissements ou Services d’Aides par le Travail – voir la partie « milieu protégé » pour plus d’explications.

 

Milieu ordinaire – qui recouvre les entreprises du secteur privé et la fonction publique, les associations, et aussi les entreprises adaptées (ex ateliers protégés), les centres de distribution de travail à domicile (CDTD) et le secteur IAE (Insertion par l’Activité Economique) – voir la partie « milieu ordinaire » pour plus d’explications.

 

Nous vous précisons d’emblée, pour ceux et celles qui ne seraient pas forcément à l’aise avec l’idée d’en parler, que rien ne vous oblige à utiliser cette RQTH pour chercher un emploi (elle peut rester au fond d’un tiroir sans que personne ne soit jamais au courant…). Et que si vous l’utilisez, rien ne vous oblige non plus à préciser la nature de votre handicap (cf la Loi 1221-6).

 

Evidemment, dans la réalité, il n’est jamais bien vu de se braquer et de refuser de répondre lors d’un entretien d’embauche – comme il n’est pas forcément judicieux de développer avec force détails les raisons de votre handicap. Quand celui-ci se voit (handicap physique), c’est plus simple. Mais dans le cas du handicap psychique, sachez qu’il y a encore beaucoup de préjugés.

 

Si vraiment vous souhaitez dire quelque chose mais sans en dire trop, vous pouvez toujours donner une réponse générale du style « j’ai une maladie chronique qui nécessite un traitement mais que je gère bien et qui n’entraîne aucune incidences au quotidien », et qui fera comprendre à votre interlocuteur que vous ne souhaitez pas donner plus de détails. Mais cette simple phrase peut suffire à le rassurer.

 

Dans tous les cas, c’est vous, et vous seul, qui choisissez d’en parler – ou pas – sachant qu’il n’y a pas de réponse idéale, chaque contexte étant particulier. A vous de sentir intuitivement quelle est la réponse la mieux adaptée à votre situation !

 

Le milieu du travail a la réputation d’être dur et exigeant – mais il faut savoir que dans certains secteurs d’activité, bien sûr le milieu protégé (ESAT), mais aussi certaines structures du milieu ordinaire (ateliers protégés, structures d’insertion…), voire quelques grandes entreprises qui ont fait le choix de créer une « mission handicap », le fait que vous ayez une RQTH sera clairement un plus, et donc un argument à mettre en avant. Dans le secteur IAE par exemple (Insertion par l’Activité Economique), qui propose de nombreux contrats aidés, les recruteurs sont tout à fait ouverts à embaucher des personnes fragiles (ils sont même financés dans ce sens), et jouer la transparence totale, y compris sur les facteurs qui peuvent vous créer du stress, peut être une bonne idée. Mais là encore, à vous de voir, de sentir ce que vous préférez dévoiler – ou pas !

 

La RQTH vis-à-vis de la médecine du travail


Autant il ne vous est pas toujours conseillé d’évoquer votre RQTH à votre employeur, autant il est plus que préférable d’en parler au médecin du travail, en donnant des précisions sur votre handicap, médecin qui, compte-tenu du secret médical, gardera ces informations pour lui.

 

Vous bénéficierez d’une surveillance médicale dite renforcée, c’est-à-dire que les visites médicales pourront être plus fréquentes avec le médecin du travail : elles seront notamment l’occasion de faire le point sur les conditions de travail, votre état de santé, l’observance thérapeutique. Si le médecin constate que le traitement n’est plus suivi, il pourra décider d’une inaptitude temporaire, c’est à dire que vous vous rendrez alors chez votre médecin traitant afin qu’il vous arrête pour reprendre le traitement et le suivi psychiatrique.

 

Vous pouvez demander aussi à consulter à tout moment le médecin du travail pour exposer vos problèmes de santé, et vos difficultés pour exercer votre activité professionnelle : il s’agira alors d’une visite médicale à la demande du salarié. Cette visite donnera lieu à la délivrance d’un certificat d’aptitude (seule une visite médicale de pré-reprise ne donne pas lieu à la délivrance d’un avis d’aptitude).

 

Une pathologie mentale réputée lourde comme la bipolarité ou la schizophrénie mérite d’être destigmatisée, comme le sont la plupart des pathologies. Et pourtant, compte-tenu des préjugés, cela reste loin d’être simple…

 

Elle ne devrait cependant pas empêcher l’intégration du monde du travail, y compris à des postes de cadre supérieur, d’autant qu’il est reconnu que le travail peut avoir des vertus thérapeutiques certaines.

 

Mais une bonne coordination doit être instaurée entre le psychiatre, le médecin traitant et le médecin du travail : et cet accompagnement rapproché permet le plus souvent de lever les contre-indications médicales. A noter que le médecin du travail n’est pas dans le parcours de soins et le psychiatre ne partage pas les informations médicales avec lui. Mais par contre, le psychiatre peut remettre un courrier au salarié afin qu’il le remettre au médecin du travail, et réciproquement.

 

Seules les préconisations formulées par le médecin du travail s’imposent à l’employeur. En discutant avec le médecin du travail, vous pouvez ainsi obtenir d’éventuels aménagements du poste de travail (télétravail, horaires à temps partiel…). Et celui-ci pourra vous remettre un certificat médical que vous remettrez vous-même à votre employeur afin qu’il adapte votre poste. Le SAMETH (Service d’Aide au Maintien dans l’Emploi des Travailleurs Handicapées) pourra aussi être sollicitée pour une prise en charge financière éventuelle (voir partie « partenaires de l’emploi »).


Avantages pour l’employeur comme pour le salarié


Les avantages pour une entreprise (tant du secteur privé que public) d’embaucher une personne ayant une RQTH sont de plusieurs sortes.


La première (la plus connue), est celle qui consiste pour toute entreprise à respecter la loi du 11 février 2005 (« tout établissement d’au moins 20 salariés a l’obligation d’employer l’équivalent de 6% de travailleurs handicapés ») et à éviter ainsi – si elle ne remplit pas ou que partiellement cette obligation – de verser une contribution financière à l’AGEFIPH ou au FIPHFP (équivalent de l'AGEFIPH pour la fonction publique) - et cette contribution financière peut s'avérer sacrément importante, pour notamment les grandes entreprises, car le montant varie en fonction du chiffre d’affaires.

 

De votre côté, en tant qu’usager ayant une RQTH avec une orientation « milieu ordinaire », vous bénéficiez des services du réseau CAP EMPLOI (sorte de POLE EMPLOI spécialisé sur le handicap) et/ou d’HANDIPASS (POLE EMPLOI parisien spécialisé lui aussi sur le handicap).

 

La MDPH vous donne normalement les coordonnées du CAP EMPLOI dont vous dépendez, et ce, sur le document d’acceptation de la RQTH. Il existe aussi un annuaire des CAP EMPLOI.

 

A noter également qu'il existe des aides financières possibles et intéressantes dans le fait de recruter une personne ayant une RQTH – pour connaître leur détail, tant côté employeur que côté salarié, reportez-vous à la rubrique « Les aides à l'emploi ».