Le projet de vie

 

Quand on réfléchit à son projet professionnel, même quand on n’est pas concerné par une maladie et/ou un handicap, on tient compte de certaines contraintes personnelles : lieu de travail – situation de famille (qui peut influer sur les horaires et/ou les déplacements) – situation financière… ceci afin de réfléchir à la balance bénéfices / désavantages d’un emploi.

 

Quand on a en plus une maladie chronique à gérer, on se rend compte que d’autres facteurs sont à prendre en ligne de compte, notamment les facteurs pouvant provoquer du stress, et donc le risque de rechuter. La santé est alors un élément prioritaire, à prendre en compte impérativement dans l’élaboration d’un projet professionnel.

 

C’est pour cette raison qu’on préfère raisonner « projet de vie » plutôt que « projet professionnel » dès lors que la personne est concernée par un handicap psychique.

 

Les usagers en santé mentale (autre terme pour désigner les personnes concernées par un problème de santé mentale) doivent absolument tenir compte de leur situation de santé dans leur recherche de travail et/ou de formation futurs.

 

Ils doivent notamment réfléchir, seul(e) ou se faisant aider par un tiers, de ce qui est susceptible de provoquer du stress et de la fatigue : horaires de travail – rythme – temps de transport – importance du relationnel – pression du supérieur hiérarchique…

 

Pour cela, c’est important d’être à l’écoute de soi-même, d’abandonner la position d’objet pour celle de sujet, de viser à une autonomisation, mais une autonomisation pragmatique et réaliste, sur la logique de « je dois faire avec ce que j’ai » (avec ce que j’ai aussi bien comme avantages : compétences, savoir-faire, qualités, motivations… que comme contraintes : maladie à gérer, traitement médicamenteux à suivre, contraintes générales liées à la santé, signaux d’alarme à tenir compte…)

 

Vous êtes ainsi la personne la mieux placée pour savoir ce qu’il est souhaitable et préférable pour vous en matière de travail, et plus généralement d’environnement professionnel. Même si les conseils extérieurs, notamment de la part de professionnels connaissant bien la maladie mentale, peuvent vous aider à y voir plus clair.

 

Le « projet de vie » est ainsi un support à adapter en fonction de l’histoire de chacun, histoire biographique bien sûr (avec des éléments concernant le cheminement de la maladie…), mais aussi professionnelle (études, expérience…), et en tenant bien sûr compte de votre personnalité (atouts, freins, savoir-faire, motivations…). Cette notion de « projet de vie » peut vous inquiéter (« on va me forcer à retravailler alors que je me sens trop fragile… ») ; pour autant, le fait de prendre sa vie en mains est un processus d’épanouissement, même s’il est le fruit d’un apprentissage qui nécessite du temps. Apprentissage que vous n’avez pas toujours eu la possibilité de réaliser. Surtout quand des membres de votre entourage (proches, soignants…) se sont substitués à vos propres désirs.

 

Le « projet de vie » est ainsi un outil pertinent et responsabilisant qui devrait vous permettre de découvrir et/ou renforcer votre capacité à affirmer vos choix – comme vos non-choix – et à les assumer pleinement.

 

Il est aussi à noter que tout « projet de vie » est évolutif, et est à réajuster en permanence, en fonction de votre situation, de l’évolution de celle-ci (notamment au niveau santé), de l’évolution de vos compétences et… de vos souhaits, ces derniers évoluant aussi en permanence en fonction de votre vécu.

 

Entre le stade où vous ne faîtes que survivre (où chaque jour gagné est une victoire) et le stade où vous arriverez à vous projeter à moyen-long terme, il peut s’écouler du temps. Et ce temps, il est important de le prendre (progresser « petit pas par petit pas » sans chercher à aller trop vite).

 

Souvent, les usagers en santé mentale n’ont d’ailleurs pas conscience du savoir qu’ils mettent en jeu pour pallier à leurs difficultés quotidiennes. Ce qui peut être facile pour l’un (non concerné par la maladie mentale) devient un vrai challenge pour vous, et nécessite que vous ayez pu développer aussi bien des savoir-faire (compétences) que des savoir-être (qualités), qui pourront être ensuite transférables dans un contexte professionnel. Et c’est souvent par le biais d’échanges, avec notamment des professionnels, que vous pouvez formaliser tout cela, et prendre conscience de vos atouts – voir la partie « Les partenaires de l’emploi ».

 

Le « projet de vie » doit reposer ainsi tout à la fois sur votre personnalité (votre parcours, vos expériences, vos qualités et défauts…), vos motivations (ce que vous voulez, mais aussi ce que vous ne voulez pas/plus faire…), et votre situation, notamment votre situation de santé. Il devra aussi être réaliste, et sera ainsi à étudier avec l’environnement extérieur, notamment le marché du travail, ce qui peut nécessiter de le réajuster. Il définira ensuite des objectifs – à court, moyen et long terme – qui seront forcément personnalisés.