Notre société contemporaine est très tournée vers l’apparence, l’image de soi, qui peut passer par le fait de se faire du bien (faire du sport, se faire beau (ou belle), prendre du plaisir à bien s’habiller…), mais qui peut aussi nous aliéner.
Car l’image de soi n’est jamais simple ; elle est souvent d’ailleurs défaillante dans les troubles psychiques, où le schéma corporel peut être perturbé.
Ainsi, au quotidien, le simple fait de prendre une douche peut être un calvaire. S’habiller, se maquiller, bouger son corps… compliqué, difficile, voire impossible. Et certains peuvent passer des semaines, des mois, sans même arriver à se regarder dans le miroir. Sortent habillés sans plus se préoccuper de la température extérieure, au risque de tomber malade physiquement quand leurs vêtements ne sont pas du tout adaptés (doudoune en été, tee-shirt en hiver…), au risque aussi de ne pas consulter quand ils ont un « bobo » physique. Comme s’ils n’avaient plus conscience de leur corps (y compris via les signaux de douleur). Le toucher aussi peut être mal vécu, représenter même une menace pour son intégrité. Bref, le rapport au corps et à son image extérieure est loin d’être simple dans le cas de la maladie mentale. Ceci, sans compter sur les effets secondaires de certains traitements qui n’aident pas (prise de poids excessive, transpiration…), et qui poussent d'ailleurs certains à stopper brutalement un traitement médicamenteux pourtant nécessaire...
Et même si on a conscience, en théorie et parce que la société nous le rappelle sans arrêt, que le bien-être physique permet un mieux-être psychique, certains se disent que les jeux sont déjà faits, que leur rapport au corps et à leur image est trop compliqué, que leur perception a toujours été biaisée, et que leur corps n’a jamais été un ami.
D’autres peuvent être très exigeants envers eux-mêmes, placer la barre très haut en terme d’exercices physiques, de régime… mais ne sont pourtant pas plus dans la logique du « J’ai envie de… » mais plutôt de « Il faut que… » - ce qui peut être également une forme de maltraitance envers soi-même.
Le plaisir sensoriel, quand on l’a rarement éprouvé, peut paraître être un extra-terrestre, un animal étrange ; mais il s’apprivoise aussi, petit à petit, même si cela peut prendre pour certains beaucoup de temps, des mois, des années. Le schéma corporel, pour la plupart d’entre nous, existe, mais a pu s’échapper : certains pensent que leur corps n’est pas celui qu'il doit être, qu’il ne fonctionne pas comme celui des autres, etc. Ce corps peut ainsi renvoyer une image confuse et compliquée à gérer.
Reprendre conscience de son corps n'est jamais simple ; car c’est aussi risquer de réveiller des émotions, dont certaines peuvent être enfouies depuis longtemps ; certes, c’est aussi une manière de pouvoir accéder « à l’intérieur de soi » et se sentir plus structuré, mais ce cheminement peut être également très angoissant pour certains. Cela peut nécessiter une thérapie, qui peut passer par des expressions corporelles et/ou artistiques (théâtre, peinture…) mais qui devrait toujours être proposée par des thérapeutes bien au fait des problèmes de ce type.
Les astuces et adresses données sur ce site (pour petits budgets...) ont comme seule « ambition » d’accompagner ceux et celles qui le souhaitent dans un chemin personnel de mieux-être, qui peut passer par des petits « riens » de la vie quotidienne (reprendre plaisir à aller chez le coiffeur, à s’habiller, à refaire du sport, à marcher dans la nature, à choisir des produits au marché, à cuisiner…), ceci afin de (ré)apprivoiser ce corps et cette image, apprivoisement qui peut être un chemin de longue haleine et nécessiter beaucoup de patience.
Accepter d’être photographié(e) par une personne empathique, qui plus est elle-même concernée par un trouble psychique, peut aussi être une étape intéressante. Et permettre une meilleure acceptation de soi-même et une réconciliation avec son image. C’est ce que propose Anne Betton, avec son projet « Donnons un visage à la maladie psychique ».
« La photographe Anne Betton, atteinte elle-même d'un trouble bipolaire, a décidé de mettre en lumière ses compagnons et compagnes d'infortune – schizophrènes, anorexiques, dépressifs et de donner ainsi un visage aux personnes atteintes de maladie psychique. Elle en parle aussi remarquablement bien : « Parce que nous faisons partie de votre famille, de vos voisins, de vos collègues et que nous n'osons pas nous dévoiler par crainte d'être stigmatisés. Parce que les maladies telles que la bipolarité, la schizophrénie, la dépression chronique, les psychoses sont peu connues ou mal connues... Parce que les médias, en particulier le « journalisme-poubelle » qui a pour but de vendre et non d'informer, ainsi que la plupart des séries policières, veulent vous faire croire que nous pouvons être souvent agressifs, voire dangereux... Nous avons décidé de sortir de l'ombre et d'afficher notre particularité. Stop à l'isolement que nous créons ou dont nous sommes victimes. La société a le devoir de nous traiter d'égal à égal, de nous permettre l'insertion dans le milieu ordinaire du travail lorsque notre reconnaissance de travailleur avec handicap le spécifie. Ouvrez-nous les portes et prenez le temps de nous découvrir... Nous avons beaucoup de choses à vous apporter, dont la sincérité et souvent une belle sensibilité. » (Anne-Marie Thomazeau, Viva Presse)
Si vous souhaitez participer au projet d'Anne, vous pouvez lui écrire à contact@annebetton-photographe.com