L'accompagnement via une structure spécifique

 

Il existe quelques structures et/ou dispositifs très spécifiques qui proposent un accompagnement personnalisé aux usagers en santé mentale.

 

Vous pouvez y être orienté via votre médecin psychiatre et/ou une équipe médicale et/ou via la MDPH avant d’avoir l’orientation définitive « milieu ordinaire » ou « milieu protégé » (cf. le SAIPPH).

 

Ces structures dépendent souvent de groupes médico-sociaux importants et sont basées à Paris.

 

Le centre MOGADOR

 

Situé près des Grands magasins dans le 9ème arrondissement, dépendant de la SPASM (Société Parisienne d'Aide à la Santé Mentale), non sectorisé, le centre MOGADOR se décrit comme un « hôpital de jour proposant des soins de réadaptation sociale et professionnelle pour des personnes relevant du handicap psychique, avec l’objectif de préparer leur insertion ».

 

Ouvert en semaine, porté par une équipe pluridisciplinaire, ce centre n’accueille que des adultes.

 

Chaque usager a un emploi du temps personnalisé avec des activités individuelles et/ou en groupes. Et est accompagné tout au long de son parcours par un psychologue-conseiller référent.

 

Le SAIPPH

 

Situé à proximité de Stalingrad, ce Service d’Aide à l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées (SAIPPH), qui fait partie du pôle « Réinsertion-Réadaptation-Réhabilitation » de l’Élan Retrouvé, a été créé en 2008. Il regroupe une équipe de chargés d’insertion et de psychologues, coordonnés par un psychiatre.

 

Le SAIPPH s’adresse à : des travailleurs handicapés ayant intégré le milieu protégé (ESAT) et souhaitant s’orienter vers le milieu ordinaire - des personnes, ayant une RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé), avec orientation en milieu protégé, afin qu’elles soient accompagnées dans la mise en œuvre de leur projet professionnel - des personnes suivies par des services psychiatriques, inscrites dans une démarche de réinsertion psychosociale.

 

L’accompagnement de l'usager se fait en concertation étroite avec les différents partenaires. Il s’agit notamment de : recueillir ses attentes et ses besoins - faire le point sur ses compétences et ses aptitudes - réaliser des entretiens individuels - proposer une participation à des ateliers TRE (Techniques de Recherche d’Emploi) ou des groupes de parole - mettre en situation grâce à des stages - élaborer si besoin un projet de formation - accompagner l’intégration dans un emploi.

 

Le SAIPPH a développé des partenariats étroits avec : les ESAT d’Ile-de-France accueillant des personnes handicapées psychique (comme l’ESAT Bastille) – avec la MDPH 75 auprès de qui il s’est engagé à évaluer les situations des personnes demandant une RQTH – avec les services de psychiatrie ou toute autre structure accueillant des personnes en souffrance psychologique, afin d’élaborer avec eux une prise en charge concertée d’usagers vers une insertion professionnelle – avec des entreprises susceptibles de proposer des emplois accessibles aux personnes handicapées – et avec des organismes de formation.

 

Les usagers intéressés doivent être orientés par un référent social et/ou médical. Après discussion, un rendez-vous est proposé à la personne pour un premier entretien. 

 

Le projet Emilia (2005-2010)

 

Même s’il n’est plus d’actualité, il est intéressant d’évoquer le projet Emilia, un dispositif expérimental européen (financé par la Commission Européenne) et qui a été porté en France par le laboratoire de recherche de l’Etablissement Public de Santé Maison Blanche (équipe de Tim Greacen).

 

Ce dispositif, au cours duquel des usagers de services de psychiatrie ont bénéficié d’un programme de formation et d’accompagnement à l’emploi, se fondait sur les concepts de « rétablissement » et d’« empowerment ».

 

Associé au réseau « ENTER Mental Health », seize partenaires institutionnels européens ont accepté d’étudier pendant près de deux ans les effets d’une offre de formation et d’accompagnement à l’emploi auprès de personnes concernées par un trouble psychiatrique grave et chronique (psychose essentiellement).

 

Ce dispositif a été proposé à plus de 200 usagers dans huit pays européens, dont 35 usagers sur la France, qui ont été recrutés par les services des 25ème et 7ème secteurs psychiatriques de Paris.

 

Emilia France a été coordonné par le Laboratoire de recherche de l’Établissement public de santé Maison Blanche, et l’ensemble des équipes soignantes des secteurs psychiatriques concernés ont été mobilisées, à savoir notamment : médecins, infirmiers et assistants de service social.

 

Des conseillers à l’accompagnement à l’emploi de la Maison de l’emploi de Paris (MEP) et du Plan local et d’insertion et d’emploi (PLIE) des 18e et 19e arrondissements de Paris ont été mis à disposition pour procéder au suivi de ces usagers, et la Cité des métiers est venue compléter l’offre de services pour faciliter l’élaboration des projets professionnels, personnels et de santé.

 

La FNAPSY et l’UNAFAM Paris se sont intégrées dans le projet en participant aux formations, en les co-animant et en étant membres actifs du comité de pilotage.

 

Le projet Emilia avait deux objectifs principaux : d’une part, aider l’usager à reprendre pied dans la vie professionnelle en s’intégrant dans le milieu ordinaire et d’autre part, l’aider à prendre conscience des compétences acquises à travers son vécu de la maladie et ses connaissances du système sanitaire et social, voire l’aider à transformer ces compétences en de nouvelles pratiques, y compris dans le monde de la santé mentale.

 

Ainsi, les usagers qui l’ont souhaité ont pu participer à des formations innovantes comme « Acquérir des compétences de chercheur et participer à une recherche » ou « Devenir usager-témoin des services en santé mentale », cette dernière montée en partenariat avec la FNAPSY.

 

Cette deuxième formation se rapproche de la logique de pair-aidance, car il s’agissait d’acquérir des compétences pour intervenir en public en tant qu’usager-expert des services de psychiatrie. Ce qui impliquait pour les usagers de bien savoir identifier leurs ressources, celles sur lesquelles ils ont pu s’appuyer pour aller mieux, mais également de savoir raconter et transmettre leur expérience vécue (« savoir expérientiel »). Certains usagers sont ainsi intervenus lors d’événements, comme la « Journée sur la discrimination en psychiatrie » avec les soignants de l’EPS Maison Blanche (27 avril 2009), la « Conférence nationale sur l’éducation thérapeutique » à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris devant un public de médecins (12 juin 2009), la « Conférence européenne sur la psychologie communautaire » devant un public de chercheurs et de praticiens en psychologie (29/30 octobre 2009), ou la « Conférence internationale Emilia », au Ministère de la Santé à Paris, les 11 et 12 février 2010, avec des professionnels de santé, des chercheurs et des usagers de toute l’Europe.

 

Par la suite, le Laboratoire de recherche de Maison Blanche a organisé une journée de sensibilisation au handicap psychique pour les conseillers des Missions locales où intervenaient à la fois un psychiatre et des usagers-témoins, qui ont pu échanger avec les professionnels de l’insertion professionnelle.

 

Le dispositif Emilia a aussi permis de favoriser le changement dans la relation entre soignant et soigné, de faire en sorte d’instaurer une vraie collaboration qui ne soit pas infantilisante pour l’usager, voire qui lui permette de participer à la formation de nouveaux soignants.