La Psychoéducation

 

La psychoéducation, ou éducation thérapeutique, est une thérapie qui vient du Québec, et qui, comme son nom l’indique, fait référence tout à la fois à la psychologie et à l’éducation.

 

Historiquement, elle a d’abord été proposée à des adolescents et jeunes adultes délinquants qu’il s’agissait alors, dans les années 70, de rééduquer, tout en utilisant une approche psychologique pour les faire évoluer sur le plan comportemental.

 

Les psychoéducateurs étaient alors des professionnels qui intervenaient auprès de personnes ayant des difficultés d’adaptation à leur environnement. Ils travaillaient aussi bien sur les attitudes à faire évoluer chez ces dernières, que sur des conseils à leur apporter pour mieux gérer le quotidien.

 

La psychoéducation en santé mentale


L’approche psychoéducative a été utilisée dès les années 80 auprès de patients bipolaires, pour les aider à gérer au mieux leur traitement au lithium, dont le dosage est souvent compliqué et nécessite un suivi régulier.

 

La psychoéducation s’adresse à des patients bien stabilisés, ainsi qu’à leur entourage (proches, familles).

 

L’idée est de pouvoir aider les patients à mieux gérer la maladie au quotidien – en étant bien informés (ce qui permet de mieux adhérer au traitement) – en sachant aussi détecter les signaux d’alarme qui peuvent être annonciateurs de rechute, et à les anticiper (ce qui implique d’être attentifs à tous les facteurs de stress) – en sachant aussi gérer au plus près leur mode de vie, avec tout ce que cela implique de réflexes à avoir au quotidien (qualité de l’alimentation, exercices physiques, entretien de son appartement, rupture de l’isolement…).

 

C’est une approche qui permet de travailler sur la prévention des risques, et qui aide à la prise en charge des patients, en faisant en sorte qu’ils soient vraiment impliqués dans leur projet thérapeutique.


Les principes de base

 

Le principe de la psychoéducation est de former les patients – et leur entourage – pour les aider à vivre au mieux leur maladie.

 

Ainsi, en étant mieux informés, mieux formés, les personnes sont partie prenante du projet thérapeutique, actifs et acteurs dans le processus de soins.

 

Cette approche va aussi leur permettre de mieux accepter la maladie au quotidien, les effets secondaires par exemple du traitement médicamenteux, et d’adopter un mode de vie en conséquence. Apprendre par exemple à bien s’alimenter, surveiller la qualité de son sommeil, faire de l’exercice, activer des liens sociaux extérieurs...

 

Etre informé au plus près, cela passe déjà par la qualité de la relation thérapeutique entre le médecin traitant (ou psychiatre) avec son patient ; il s’agit d’une vraie collaboration, qui nécessite que le patient soit bien informé, qui respecte également son autonomie et ses choix, et ne l’infantilise pas.

 

D’autres sources d’informations sont utiles, à commencer par les associations d’usagers (Fnapsy, Humapsy…) et/ou les associations des familles (Unafam).

 

Les forums et les sites internet sont aussi une bonne source informative, à condition néanmoins que le patient sache garder son sens critique et n’ait pas une tendance hypocondriaque qui le pousserait à se reconnaître dans n’importe quelle pathologie, les autodiagnostics sauvages, voire les automédications étant un des risques du net.

 

Il a été en tout cas démontrée que plus la personne concernée est bien informée, tant sur son trouble, que sur son traitement, et de ce que cela implique dans sa vie au quotidien, plus elle se sentira impliquée dans le projet de soins, et saura adopter les bons comportements face à la maladie.

 

De plus, le patient saura aussi être attentif aux risques de rechute, et agir préventivement pour éviter ceux-ci (en faisant attention par exemple aux sources de stress possibles).

 

En aidant à l’information et en favorisant cette prise de conscience, on aide ainsi les usagers en santé mentale à développer leur pouvoir d’agir et leur autonomie (cf. notions d’empowerment, de rétablissement et d’inclusion sociale), et on change le regard qu’ils peuvent avoir sur la maladie et sur eux-mêmes, l’espoir et une approche pragmatique positive faisant place à la résignation.

 

Les approches psycho-éducatives sont encore peu nombreuses en France, mais elles existent dans certaines structures hospitalières. Elles se développent généralement autour de groupes de patients avec des animateurs, professionnels soignants, qui vont aborder la maladie et provoquer des échanges autour de tous les sujets en lien avec elle (diagnostic, symptômes, traitements, effets secondaires, aides thérapeutiques…). Dans certains pays comme le Québec, ces animateurs sont parfois des pair-aidants (des personnes ayant vécu elles-mêmes la maladie mentale).

 

Cette approche vient seulement en complément de la relation thérapeutique habituelle entre le patient et son psychiatre et/ou équipe médicale qui le suit, et ne se substitue pas à elle. Mais elle participe à sa manière au projet thérapeutique et l’aide à être plus efficient et mieux accepté.