La luminothérapie


La luminothérapie est, comme son nom l’indique, un traitement par la lumière, pour contrer des symptômes comme la dépression saisonnière et l’insomnie.


Elle consiste à exposer ses yeux à une lumière spécifique qui se rapproche le plus possible de la lumière solaire (de par son intensité et son spectre lumineux).


Historique

 

Dès le 19ème siècle, la lumière a été utilisée à des fins thérapeutiques, pour stimuler notamment le système immunitaire et lutter contre les infections.

 

Mais la luminothérapie retombe par la suite dans l’oubli jusque dans les années 1980 où, aux Etats Unis, elle est à nouveau identifiée comme thérapie intéressante pour lutter notamment contre la dépression saisonnière (cf. travaux du Docteur Rosenthal du National Institute of Mental Health).

 

Le Docteur Rosenthal constatait en effet, qu’en exposant en hiver certains patients, souffrant de troubles dépressifs, à une lumière artificielle proche de la lumière du jour, les symptômes de dépression diminuaient. C’est d’ailleurs lui qui identifia qu’il existait une dépression liée aux saisons, et à qui on doit le terme « dépression saisonnière ». Rosenthal demeure encore à jour la première référence sur le sujet de la luminothérapie.

 

Néanmoins, cette thérapie ne rencontre pas le succès escompté, et il faudra attendre à nouveau le milieu des années 2000 pour que les associations professionnelles américaines de psychiatrie reconnaissent enfin officiellement l’intérêt de la luminothérapie, notamment dans le traitement de la dépression saisonnière, mais aussi pour certains troubles du sommeil et de l'appétit.

 

L’importance de la lumière


Dans certains pays où la nuit prend le pas sur le jour dès l’automne (pays nordiques, Canada…), certaines personnes présentent des symptômes comme une fatigue chronique, un besoin irrépressible de sommeil, des réveils difficiles, des crises de boulimie ou d’hyperphagie, ainsi que des troubles d’humeur et une tendance dépressive. Or, il a été observé chez elles un taux de mélatonine particulièrement élevé durant le jour.

 

On sait que l’alternance du jour et de la nuit rythme nos vies depuis toujours. Notre corps est fait pour vivre dans la journée, selon ces rythmes circadiens (du latin « circa : autour » et « diem : jour »), et qui correspondent aux cycles physiologiques de notre organisme.

 

La lumière est donc un régulateur naturel qui aide à faire fonctionner notre métabolisme, et qui permet notamment la sécrétion d’hormones destinées à nous aider à vivre aisément le cycle veille-sommeil.

 

L’exposition à la lumière du jour est donc indispensable pour faire le plein d’énergie, chasser le stress et trouver naturellement le sommeil.

 

Ainsi, la durée de la période diurne, où on reçoit la lumière du jour, influence tous les cycles de notre corps. C’est notre horloge biologique interne, située dans l’hypothalamus (zone du cerveau) qui, sous influence de la lumière, donne le rythme.

 

En fonction de la quantité de lumière du jour reçue sur la rétine, les différents circuits de sécrétion des hormones sont activés et stimulent (ou pas) les centres de l’éveil.

 

La rétine possède des cellules ganglionnaires qui vont sécréter des hormones. En effet, lorsque la lumière pénètre l’œil, elle est transformée en signaux électriques qui, envoyés à notre cerveau, agissent sur des neurotransmetteurs. La sérotonine est l’un de ces neurotransmetteurs, elle permet de régulariser notamment l’humeur, le sommeil et l’appétit, notamment par le fait qu’elle gouverne la production de la mélatonine. Impliquée dans l'endormissement et le sommeil, cette hormone est indétectable la journée, et est par contre à son niveau le plus haut la nuit.

 

La lumière du jour déclenche également la sécrétion de cortisol, l’hormone du stress positif, qui nous permet de mobiliser les énergies utiles dans la journée. En gros, c’est une hormone indispensable pour avoir la forme lorsqu’on est éveillé.

 

Plus le jour est lumineux, plus la nuit est noire, plus il y a des différentiels hormonaux (pic de cortisol le jour, pic de mélatonine la nuit), et meilleures sont l’énergie de la journée et la qualité du sommeil la nuit.


Les risques du manque de lumière

 

Dans la dépression dite saisonnière, le métabolisme de la mélatonine apparaît donc déréglé. Probablement parce que la nuit a pris le pas sur le jour, et que les personnes concernées sont particulièrement sensibilisées aux variations hormonales.

 

Il y a d’autres contextes où le rythme circadien peut être bouleversé ; quand on travaille de nuit par exemple, ou quand on travaille trop souvent dans une pièce mal éclairée, où on voit peu la lumière du jour, sachant qu’en plus les lumières artificielles sont beaucoup moins intenses que la lumière naturelle du soleil.

 

Par cette carence en lumière, les personnes ont généralement moins d’énergie, et doivent aussi lutter contre une somnolence fréquente dans la journée, voire des tendances à la boulimie et/ou à l’hyperphagie.

 

L’horloge biologique interne, un puissant centre de contrôle

 

Notre horloge interne est généralement synchronisée efficacement avec le jour et la nuit.

 

Mais si ce n’est plus le cas (par manque de lumière notamment), nous ressentons des symptômes comme décrits au-dessus (somnolence dans la journée, crises de boulimie et/ou d’hyperphagie, voire irritabilité et troubles de l'humeur).

 

Cela se produit aussi lorsque nous voyageons loin et sommes soumis au décalage horaire. En fonction des signaux envoyés par notre horloge interne, notre organisme peut être convaincu que le jour est en réalité la nuit, et nous pousse alors à somnoler en pleine journée.

 

Selon les situations, on peut remettre l’horloge interne « à l’heure », en s’exposant notamment à la lumière à un moment précis de la journée, ce qui fera avancer ou reculer notre horloge. La prise de mélatonine, souvent utilisée dans le cas des « jet lag », est un autre moyen de rétablir le réglage interne de celle-ci.

 

En stimulant les cellules de nos neurotransmetteurs par la lumière du jour ou une lumière proche de la lumière du jour, la sérotonine ne se transforme pas en mélatonine durant le jour. De plus, il se produit une reprogrammation de l’horloge interne qui permet alors une sécrétion normale de la mélatonine durant la nuit et les phases de sommeil.

 

En d’autres termes, on a plus d’énergie le jour, et on dort mieux la nuit.

 

Les indications de la luminothérapie

 

Cette thérapie par la lumière est utilisée depuis les années 80 et reconnue particulièrement efficace contre la dépression saisonnière qui apparaît à l’approche de l’hiver, lorsque le jour diminue, et qui a un effet négatif sur l’horloge interne de certaines personnes.

 

On utilise aussi cette thérapie pour contrer d’autres symptômes pouvant être associés à un dérèglement de l’horloge interne : les troubles du sommeil par exemple, ou certains troubles du comportement alimentaire (boulimie et hyperphagie).

 

La luminothérapie se montre aussi efficace pour la dépression post-partum (à la suite d’un accouchement), et la dépression chez les seniors.

 

Elle peut être utilisée pour remettre l’organisme en phase, lors des problèmes de décalage horaire (jet lag), ou lorsqu’on travaille en horaires décalés, notamment la nuit.

 

Elle est également conseillée à tous ceux qui travaillent dans des locaux trop fermés où la lumière du jour passe mal.

 

Elle peut être utilisée aussi préventivement, avec des cures qui démarrent dès l’automne pour chasser les premiers coups de blues fréquents à l'approche de l'hiver.

 

Plusieurs hôpitaux proposent ainsi des séances de luminothérapie, à raison d’une demi-heure par jour.

 

Vous pouvez aussi vous procurer un appareil spécifique et faire les séances à votre domicile. Cf. conseils pour choisir le bon appareil.