Les réseaux d'échanges

 

Il existe en France, et dans plein d’autres pays, des systèmes d’échanges qui fonctionnent sur la logique de réciprocité et de solidarités, et qui ne nécessitent aucun échange d’argent. Sont présentés ici les deux principaux réseaux d’échanges connus : les SEL (Systèmes d’Echanges Locaux) et les RERS (Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs).

 

Les SEL (Systèmes d'Echange Locaux)

 

Un Système d’Echange Local (ou SEL) est une structure associative, déclarée ou de fait, qui permet à ses membre d’avoir des échanges multilatéraux via une monnaie fictive, généralement basée sur le temps passé.

 

Ces échanges peuvent être de toute nature : services, biens ou savoirs.

 

Pour comptabiliser les échanges, le SEL crée sa propre monnaie, appelée unité d’échange (au nom parfois très créatif : cacahuète, truffe, bouchon, noix de coco, clou…), le plus souvent basée sur le temps (1 heure = 60 unités).

 

Chaque SEL est un groupe de personnes vivant dans un même secteur géographique. Ainsi, les membres peuvent se rencontrer localement assez facilement, apprendre à se connaître et développer convivialité et confiance qui sont les valeurs fondamentales des SEL.

 

Le premier SEL français a vu le jour en 1994, en Ariège. Il en existe aujourd’hui plus de 600 en France, généralement classés dans l'économie sociale et solidaire.

 

Comme il s'agit, le plus généralement, d'échanger du temps, la valeur est simplifiée à l'extrême de façon à favoriser la solidarité et le lien social. Une heure d'échange vaut une heure, que l'on ait fait une tâche qualifiée ou non ; on gagne 60 unités que l'on ait fait du nettoyage ou donné un cours de physique quantique.

 

La monnaie des SEL est souvent limitée à sa fonction d'échange et d'unité de mesure, elle ne remplit pas la fonction d'épargne (et ses corollaires : taux d'intérêt, spéculation, etc.).

 

L'intérêt fondamental d'un SEL est de favoriser le développement d'une économie solidaire et locale. Chaque membre peut profiter de biens et des services en échange de son temps (en offrant à son tour biens et services) ; or, tout le monde est riche de 24 heures par jour ! Faire partie d'un Sel permet ainsi de sortir de l'isolement, de bénéficier d'un réseau d'entraide et de prendre conscience de ce que l'on a à offrir à d'autres personnes.

 

Contrairement au troc, on n'est pas tenu de rendre à celui dont on reçoit : cette disposition élargit les possibilités d'échanges.

 

Il est donc possible à tous les membres du système d'échanger des services au travers de cette nouvelle économie. Une personne pourra ainsi être créditée de 100 unités en gardant des enfants pendant une soirée avant d'aller les dépenser ailleurs en cours de guitare. La valeur d'un service est généralement dictée en fonction du temps qu'il nécessite. Il n'y aura ainsi pas de différence entre une heure de cours de maths et une heure de jardinage.

 

Pour que les échanges puissent avoir lieu, il est nécessaire que les membres d'un SEL soient tenus régulièrement au courant des offres et des demandes. Il existe pour cela de multiples façons de faire : tours de table lors de réunions régulières, panneaux d'affichage, listes papier, Internet. Ces derniers présentent l'avantage de permettre une circulation très rapide de l'information.

 

Les débits et les crédits sont enregistrés sur les comptes des adhérents. Le fournisseur du produit ou du service voit son solde augmenter, le receveur voit son solde diminuer.

 

Lorsque la comptabilité est décentralisée, elle est tenue à l'aide d'un carnet individuel d'échanges. À l'issue de chaque échange, chacun des deux partenaires calcule son nouveau solde, vérifie et signe le carnet de l'autre.

 

Lorsque la comptabilité est centralisée, ce dispositif est complété par l'envoi d'un document à l'association gestionnaire. On peut aussi dans ce cas remplacer les carnets par des bons en 3 ou 4 parties (ce dernier cas correspondant aux échanges entre deux SEL).

 

De plus en plus de SEL gèrent les échanges via des sites Internet, ce qui facilite la mise en commun des informations et les tâches comptables. Une transaction est par exemple enregistrée directement en ligne par deux membres ayant réalisé un échange et les soldes sont calculés automatiquement.

 

En France, les transactions réalisées ne sont exonérées de TVA et d’impôts que dans la mesure où il s’agit d’une activité non répétitive et ponctuelle, type « coup de main » et n’entrant pas dans le cadre d'une profession. Mais si on se livre à une activité répétitive ou entrant dans le cadre de son métier, on se doit de le déclarer aux organismes concernés. En 2013, aucune information sur une réclamation des impôts vers un SEL n'est connue.

 

Il existe aujourd’hui des groupes fédérateurs : SEL’idaire, Sel de France, et le Collectif des SEL qui vous donneront plein d’informations. Vous pouvez aussi consulter la charte des SEL. Et pour trouver le SEL le proche de chez vous, vous référer à la carte.

 

Les RERS (Réseaux d'Echanges Réciproques de Savoirs)

 

Un réseau d'échanges réciproques de savoirs (RERS) est une association fonctionnant à l'échelle locale et dont les membres donnent et reçoivent des savoirs et savoir-faire. Certains de ces RERS sont des associations, d'autres n'ont aucun cadre juridique.

 

Lancés dans les années 1970, les RERS connaissent actuellement un regain de succès. Pionniers et altruistes, ils permettent de partager ses connaissances et de s’ouvrir aux autres.

 

Il s'agit d'une démarche de formation réciproque, en réseaux ouverts et sans aucune comptabilité, ni liée aux savoirs, ni liée au temps.

 

La démarche des RERS est ainsi fondée sur la réciprocité comme les SEL. Mais si les SEL sont une alternative économique (qui a des effets pédagogiques et sociaux), les RERS sont une alternative pédagogique (qui a aussi des effets sociaux et économiques).

 

Dans les RERS, tous les savoirs sont jugés intéressants a priori, et ne sont pas non plus hiérarchisés. Les savoirs échangés sont les savoirs personnels. La durée de l'apprentissage n'est pas comptée, seul compte l'échange de savoirs, du transmetteur vers l'apprenant et inversement.

 

Il existe actuellement environ 450 RERS en France, rassemblés au sein d’une fédération, le Foresco (Formations réciproques, échanges de savoirs, créations collectives), qui développe également des formations pour les animateurs des RERS.

 

Ces réseaux répondent à une charte de fonctionnement, garante de leur esprit d’entraide.

 

Pour trouver le RERS le plus proche de chez soi, il suffit de se renseigner auprès de la mairie ou des centres sociaux, ou consulter la carte.

 

L’inscription se fait par un e-mail envoyé au coordinateur, dans lequel on formule ses besoins et son offre de formation. Cette petite annonce est ensuite diffusée sur le site et envoyée à tous les membres.

 

Chaque échange est gratuit. Les cours durent le temps défini par les deux parties et ne sont pas comptabilisés : on peut en donner ou en recevoir autant que l’on souhaite sans obligation d’équité.