Inclusion sociale

 

Avec le rétablissement et l’empowerment, il s’agissait à la personne de se changer elle-même, de (re)prendre du pouvoir, et de faire évoluer ainsi positivement sa relation à la maladie.

 

Avec l’inclusion sociale, il s’agit aussi de changer le monde.

 

Tout individu est en lien avec les systèmes sociaux, et le concept d’inclusion sociale peut être considéré comme le contraire de l’exclusion sociale.

 

L'inclusion sociale ajoute ainsi l'idée que, si la moitié du travail vers le rétablissement est l'affaire de l'usager, l'autre moitié du travail devrait être conduit par la société elle-même.

 

Or, le constat actuel en France (et dans d’autres pays), est que les usagers en santé mentale sont très souvent stigmatisés et exclus de fait de la société. Et, cercle vicieux, ces problèmes d’exclusion ne peuvent que renforcer la maladie. Le côté pernicieux étant aussi qu’à force de conditionnement, les usagers eux-mêmes peuvent s’auto-stigmatiser et se placer eux-mêmes dans des situations d’exclusion.

 

Quelques constats…

 

En matière d’information, les médias véhiculent souvent une image erronée de la maladie mentale (cf. le parallèle souvent fait par exemple entre schizophrénie et dangerosité présumée), et augmentent par ce biais la stigmatisation des usagers.

 

En matière de soins, il n’y a pas toujours de projet thérapeutique co-construit avec l’usager. Et certains professionnels soignants limitent celui-ci à la prise d’un traitement médicamenteux, n’envisageant pas de travailler un projet de vie avec leurs patients, et considérant ces derniers comme peu autonomes, peu à même de comprendre la maladie et de trouver par eux-mêmes des ressources, voire les infantilisant. Les usagers en santé mentale sont par ailleurs plus souvent définis par leur pathologie (étiquette diagnostic) et non comme des citoyens à part entière.

 

En matière d’emploi, malgré la loi de 2005, le handicap psychique reste le parent pauvre du handicap. Et les discriminations à l’embauche, dès lors qu’on est reconnu travailleur handicapé avec un handicap invisible, sont fréquents. Peur de l’arrêt maladie, de difficultés d’intégration au sein de l’entreprise, de problèmes relationnels avec les autres employés… les raisons officielles sont rarement évoquées, mais les statistiques malheureusement parlantes (d'après l'UNAFAM, « 75 à 80% des personnes en situation de handicap psychique seraient au chômage ou en inactivité » ). 

 

En matière de logement, il est souvent difficile d’en trouver un dès lors qu’on est reconnu porteur d’un handicap psychique qu’on ne peut pas toujours cacher (par exemple si on déclare comme ressources l’AAH et qu’on n’a pas de handicap visible).

 

Quelques propositions d’actions…

 

En matière de citoyenneté, favoriser la participation d’usagers en santé mentale dans des structures comme les Conseils de la Vie Sociale (CVS), les Conseils Locaux de Santé Mentale (CLSM) et/ou les Ateliers Santé Ville (ASV). Valoriser également l’expertise de l’expérience et le soutien via les pairs (cf. implication de médiateurs de santé pairs et l’existence des structures type GEM).

 

En matière d’emploi, favoriser le recrutement de personnes handicapées psychiques (le parent pauvre du handicap) au sein des entreprises du milieu ordinaire, y compris à des postes de cadres. En informant au mieux les entreprises sur le travail d’intégration du futur salarié (cf. guides proposés par l'Agefiph et l'OETH).

 

En matière d’information et de sensibilisation du public, suggérer aux médias d’évoquer des histoires de vie positives, avec des processus de rétablissements réussis, plutôt que de parler de faits divers racoleurs (avec des informations souvent fausses si ce n’est distordues). Multiplier les sources d’information (internet, magazines…) sur des sujets de santé mentale, et garantir l’accès à l’information et à la formation tout au long de la vie de tous les citoyens sur la santé mentale. Promouvoir des événements proposant des débats citoyens sur la santé mentale, même si cela commence à exister en France (cf Mad Pride, Mad days et SISM).

 

En matière de soins et de construction de projet thérapeutique, développer les thérapies de psychoéducation, où l’usager est au cœur du projet thérapeutique. Faciliter la mise en place de médiateurs de santé pair (ou pair aidants), en leur proposant éventuellement une formation complémentaire parallèle (DU en éducation thérapeutique). Inclure des usagers formateurs dans la formation des professionnels du sanitaire et du social.