Exemple d’un club intra-hospitalier, le Club de la Borde

 

La clinique de la Borde, dirigée jusqu’à son décès en 2014 par Jean Oury, accueille depuis plus de 50 ans des patients, pour la plupart psychotiques, et ce pour des séjours en général prolongés.

 

Les soins qu’elle propose sont tous basés sur les principes de la psychothérapie institutionnelle. Ainsi, dès l’ouverture de la clinique, la notion de club y a été élaborée et instituée.

 

Jean Oury insistait sur l’idée que « le club est partout » ; il le concevait ainsi plus comme une fonction diffuse que comme une structure de soins localisée.

 

Le club de la Borde est une association de type loi 1901 qui dépend du comité hospitalier, lui-même association loi 1901 affiliée à la Fédération de la Croix Marine, et constitué de membres du personnel et de pensionnaires, élus ou désignés en Assemblée générale.

 

Ce comité hospitalier permet de légaliser l’existence du club et de lui garantir son autonomie par rapport à la clinique. Il est le seul habilité à recevoir les subventions.

 

Les relations entre le comité hospitalier et la clinique font l’objet d’une convention : la clinique met à la disposition du comité hospitalier des espaces, des locaux, des membres du personnel pour les permanences du club ainsi qu’une subvention mensuelle.

 

Le comité redistribue cette subvention entre le club et une caisse de solidarité, institution paritaire à laquelle peuvent s’adresser les pensionnaires en cas de grande difficulté financière.

 

La gestion du Club est autonome, complètement distincte de celle de la clinique pour les décisions et la répartition du budget.

 

En plus de la subvention mensuelle attribuée par la clinique via le comité hospitalier, le club dispose de revenus que lui procurent la vente des produits des ateliers, le bénéfice de certaines activités (bar, poulailler…) et les cotisations de ses adhérents.

 

Le club permet d’enrichir et de dynamiser la vie dans la clinique.

 

Dans son cadre, les pensionnaires participent aux tâches quotidiennes : ménage, vaisselle, service de table, transport des pensionnaires et des visiteurs (chauffes), standard, accueil des nouveaux arrivants, aide à la lingerie, à la cuisine, à la pharmacie.

 

Ils assurent aussi le fonctionnement du bar, de la boutique et la vente du tabac.

 

Le club organise également plus de quarante ateliers, regroupés en cartels ; toute proposition d’un nouvel atelier est présentée au club et discutée en réunion.

 

Le club est également un partenaire d’échanges avec d’autres associations, associations  culturelles, associations sportives…et travaille à développer les relations extérieures, au cours de voyages, de rencontres sportives, d’expositions, de spectacles…

 

Sur le plan pratique, la clinique est divisée en quatre secteurs, où les pensionnaires vivent, et le club établit un lien entre tous les secteurs, permettant l’organisation de la vie quotidienne.

 

Les réunions de « La Serre » et les « Nouvelles Labordiennes »

 

Le Secrétariat du Club (pensionnaires et moniteurs élus ou nommés) se réunit dans un local, « la Serre », où il assure une permanence quotidienne.

 

Il met à jour la grille hebdomadaire d’activités, qui sert à faire la feuille de jour  (programme de la journée, édité chaque jour).

 

Il s’occupe aussi de la rédaction, de l’impression et de la distribution du journal hebdomadaire « les nouvelles labordiennes », dans lequel tout le monde peut écrire. Il gère la comptabilité du bar et des différents ateliers.

 

La « Journée club » hebdomadaire

 

Une fois par semaine a lieu la «  journée club ».

 

Le matin, le secrétariat se réunit pour discuter et proposer des ordres du jour (thèmes de discussion pour la réunion générale du club).

 

Ensuite, les moniteurs se retrouvent pour échanger autour de sujets variés.

 

Enfin, la réunion générale du club qui regroupe tous les pensionnaires se déroule l’après-midi. C’est au cours de celle-ci que sont discutés les ordres du jour, qui peuvent concerner n’importe quel aspect de la vie quotidienne (ateliers, organisation des responsabilités, incident institutionnel …). 

 

Les « Assemblées Générales » des vendredis

 

Y sont évoqués les événements de la semaine écoulée, des projets, des départs, des arrivées, des problèmes…

 

Sont présents des personnes du secrétariat du club, du comité hospitalier, les pensionnaires, les moniteurs, le directeur et les autres médecins.

 

C’est lors de cette réunion, qu’est renouvelé le Secrétariat du club, à une fréquence variable.

 

Les Assemblées Générales sont un espace permanent d’analyse et de questionnement de l’institution.

 

Le club permet que tout le monde ait droit à la parole. Il constitue en quelque sorte la « vertèbre » de la clinique, tout est décidé et discuté dans son cadre.

 

Toute personne vivant ou travaillant à La Borde est, de fait, membre du club. Les patients suivis à la clinique en Hôpital de jour sont également membres du club.

 

"La Borde, le droit à la folie", film d'I. Barrère (1977)

"La moindre des choses", film de N. Philibert réalisé à la Borde (1996)