Témoignages d'usagers



Les usagers qui souhaitent évoquer leurs expériences et vécus à propos des traitements médicamenteux (et de leurs effets secondaires), des thérapies ou autres sujets liés aux soins en général, dont les expériences d'hospitalisations..., peuvent partager leurs témoignages sur cette page. Ceux et celles qui seraient intéressés peuvent ainsi écrire à solidarites.usagerspsy@gmail.com

 

Concernant les autres thématiques du site (« S’orienter », « Se loger », « S’occuper de soi », « S’insérer », « S’engager »), se référer à la page concernée (il suffit de cliquer sur la thématique choisie).

 

Sur cette autre page, il y a aussi quelques questions généralistes de conseils que vous aimeriez donner à votre entourage (personnel et/ou professionnel), pour que ceux-ci vous comprennent mieux.

 

Par ailleurs, si vous avez un blog et/ou un site, notamment créatif (écriture, photographie, peinture...) à partager, c'est ici, l'idéal étant de nous envoyer, avec le lien de votre site, une courte présentation.

 

A noter pour les lecteurs que les personnes qui témoignent ici préfèrent le faire, pour la plupart, sous pseudo et/ou avec leur prénom et/ou avec une simple initiale. Ce n'est pas forcément facile de témoigner à identité découverte quand on est concerné par un trouble psychique. Merci de le comprendre. 

Témoignage de Thor à propos des hospitalisations



« Mon expérience de l'hôpital psychiatrique c'est essentiellement l'ennui. C'est très loin de tous les fantasmes médiatiques et de tous les fantasmes des gens sur les HP. D'abord parce qu'un HP est au niveau de l'apparence à mi-chemin entre une prison (bruits de clés dans les serrures y compris) et une pension pour personnes âgées. Qu'il n'y a finalement quasiment que dans les films que la camisole de force est utilisée, que les électrochocs constituent l'exception qui confirme la règle du psychotrope, que la lobotomie est du pur et simple passé, et qu'en fait en HP on se fait surtout chi**. Genre vraiment. Quand on voit le psychiatre deux fois dans la semaine, c'est déjà beau. Quand on a une activité par jour, c'est carrément le luxe. Le gros de l'activité à l'hôpital ? Regarder D17 et les clips idiots qui passent en boucle. Ah, et aussi fumer des clopes (pour les fumeurs). Voyez, c'est peu passionnant.

La seule exception à la règle de l'ennui, c'est quand, à force de trop souffrir on tombe (littéralement) en isolement. Ce que les psy appellent « la chambre de soins intensifs » et que dans mon HP les patients appelaient ironiquement « le paradis ». En isolement, on est sédaté jusqu'à en tomber par terre, afin de ne pas trop souffrir de l'ennui et de l'enfermement. En isolement, on a pour seuls bien un matelas, une couverture, un seau, du papier hygiénique et un pyjama. Et quand je dis « un pyjama », entendez par là qu'en dessous vous êtes nu(e). Pas de sous-vêtement. Ce qui peut arriver de pire, ce n'est pas juste l'isolement (qui est quand même déjà bien difficile), c'est d'être agité en isolement, car en pareil cas, les injections forcées de médicaments et la contention (comprendre : être attaché sur un lit pendant de longues heures voire une journée entière) vous tendent les bras.

L'isolement est paradoxalement un endroit d'exception dans les soins hospitaliers et ce qui ressemble le plus au fantasme des gens sur l'HP.

Pourtant, l'hôpital psychiatrique n'a souvent rien à voir avec ça. C'est de l'ennui. Larvé de souffrance. Avec les mêmes rituels immuables censés nous réhabituer à une vie normale. Une douche, trois repas, un goûter. La prise des médicaments. Un coucher. Un lever. Au final passer un séjour en HP vous donne plus l'impression d'être dans « un jour sans fin » que dans un lieu « pour les fous ». D'autant plus que c'est un lieu où n'importe qui peut arriver. Y compris et d'abord des gens « normaux », avec un accident de parcours. Et mine de rien cet ennui « sauve » des vies. »  (Thor)

Témoignage de Poussière à propos de la psychoéducation

 

« Cette année 2015, j'ai eu la chance de participer à deux cycles d’"Education thérapeutique du patient en psychiatrie" organisé par le réseau PIC (ateliers ARSIMED) par le biais de mon Centre Médico-Psychiatrique (CMP) : "Connaître sa maladie" et "Connaitre son traitement". Ces formations s'adressent à des patient(e)s stabilisé(e)s, souffrant d'un même type de pathologie, par groupe d'une dizaine de patient(e)s environ, avec des interventions de psychiatres, de psychologues, d'infirmier(e)s psy, de pharmaciens, etc. Il y a des vidéos, des parties cours, des notices, des résumés, des "jeux de rôles", des exercices pratiques... Les séances sont hebdomadaires généralement et elles ont pour but d'aider à mieux connaitre sa maladie, ses traitements médicamenteux, mais aussi un certain nombre de trucs et astuces, qui peuvent aider à mieux la gérer et ainsi améliorer sa qualité de vie. Dans mon cas, ce programme de psychoéducation portait sur la ou les schizophrénie(s), ses divers symptômes, les diverses hypothèses "explicatives", le modèle dopaminique, le modèle stress-vulnérabilité, les différentes classes de médicaments, leurs effets et interactions, mais aussi les addictions et certaines problématiques relationnelles ou sociales... N'hésitez pas à demander à votre CMP si ce genre de programme existe par chez vous, et si c'est le cas, cela peut valoir la peine de s'y inscrire et d'y aller. »  (Poussière)