Clubs thérapeutiques

 

Derrière le terme « Club », on trouve aujourd’hui des structures très différentes – du Clubhouse aux GEM, en passant par les CATTP.

 

Pourtant, le terme même de « club thérapeutique » est bien spécifique, et différent de ce que peuvent être les structures citées plus haut, même s’il y a chez tous une optique de socialisation et d’aide à la vie quotidienne.

 

Cette page présente une très courte historique des « clubs thérapeutiques », indissociables de l’histoire de la psychothérapie institutionnelle, et qui interrogent sur l’articulation entre le champ sanitaire et le champ social. Puis les principes inhérents aux clubs et plus de détails sur leur fonctionnement au quotidien.

 

Par ailleurs, en sous-onglets, sont proposés plusieurs exemples de structures qui s’apparentent à des « clubs thérapeutiques » : le Bouffadou (sur Paris), le club des Peupliers (sur Paris), le centre Antonin Artaud (sur Reims) et le club de la Borde (sur Blois).

 

Historique des clubs thérapeutiques

 

Créés en France, pendant la seconde guerre mondiale, notamment en 1942 à l’hôpital de Saint Alban, les clubs thérapeutiques sont nés dans un contexte particulier, patients et soignants s’étant alors associés pour survivre à des conditions de vie qui étaient alors très précaires dans les asiles.

 

Les clubs étaient à l’époque essentiellement des dispositifs intra-hospitaliers, s’adressant à des patients qui vivaient pendant de longues périodes à l’hôpital. En effet, ceux-ci étaient hospitalisés, souvent depuis plusieurs années, en ayant rompu pour la plupart tout contact avec leurs proches. Leur vie et leur entourage se résumaient à l’hôpital, éloigné de la ville, et il s’agissait d’abord de rétablir une ambiance et des conditions de travail satisfaisantes dans l’établissement.

 

Les clubs thérapeutiques permettaient ainsi de soigner l’ambiance dans l’hôpital, en organisant des activités de travail et de loisirs, qui permettaient aussi aux patients de montrer qu’ils avaient des qualités de prises d’initiatives et d’autonomie. Ceci dans un esprit démocratique et coopératif qui était à la base du fonctionnement.

 

Ces structures ont alors permis de découvrir des capacités insoupçonnées de créativité, d’humanité et de prise de responsabilités chez des patients jusque-là maintenus à l’hôpital psychiatrique dans un état de passivité et de chronicité majeures.

 

Les clubs thérapeutiques reposaient aussi sur le fondement de nouveaux rapports entre les personnes vivant à l’hôpital, professionnels et patients, en dehors de toute hiérarchie et statut.

 

Ensuite, est survenue à partir de 1960, la politique de secteur avec le souhait d’ouverture sur l’extérieur, sur la cité, et la volonté de réintégration des patients dans leur environnement naturel, dans leurs familles, voire dans le monde du travail.

 

Avec le développement de cette politique de secteur, les durées de séjour à l’hôpital ont diminué et les structures alternatives à l’hospitalisation se sont développées.

 

Certains secteurs, très attachés aux principes de la psychothérapie institutionnelle, ont voulu conserver un club dans le service hospitalier qui s’articulait avec un ou plusieurs clubs extra hospitaliers dans une perspective de continuité. On peut citer comme exemple le Club des peupliers dans le 13ème arrondissement (qui dépend de l’ASM 13).

 

Mais à l’exception de quelques lieux, les clubs thérapeutiques, tels qu’ils étaient conçus dans les années 1950-1970, sont devenus marginaux par rapport au dispositif sanitaire.

 

Ils ont laissé place aux structures de secteur reconnues comme indispensables : hôpitaux de jour, ateliers thérapeutiques, CATTP

 

Les clubs thérapeutiques aujourd’hui

 

Un des textes légaux (l’arrêté du 14 Mars 1986), relatif aux équipements et services de lutte contre les maladies mentales, reconnaît comme structures extra hospitalières nécessaires dans le cadre de la sectorisation : 6 structures avec hébergement et 6 structures sans hébergement.

 

Parmi celles sans hébergement, on retrouve les CMP, les centres d’accueil ouverts 24h/24h, les services d’hospitalisation à domicile, les ateliers thérapeutiques, les hôpitaux de jour (HDJ) et les centres d’accueil thérapeutiques à temps partiel (CATTP).

 

Les HDJ et les CATTP sont les structures qui, par l’accès à des activités variées dans un contexte collectif et social, sont les plus proches de ce qu’étaient les clubs thérapeutiques.

 

Les hôpitaux de jour ont un caractère très nettement médicalisé avec des possibilités de consultations médicales, de dispensation de médicaments. Ce sont des établissements à prix de journée, qui sont fréquentés sur indication médicale, avec un projet thérapeutique défini.

 

Les CATTP proposent une participation sur indication de l’équipe soignante. Les soignants (infirmiers, infirmières) sont présents pour animer des activités de groupe et de soutien, permettant de maintenir et favoriser l’insertion dans le tissu social, l’autonomie et les relations interpersonnelles. Cependant, il s’agit d’une formule assez souple, et d’un secteur à l’autre, les CATTP peuvent être organisés très différemment. Ainsi, certaines structures, classées dans la rubrique CATTP, sont en fait très proches d’un club.

 

Les principes défendus par les clubs thérapeutiques

 

Les clubs thérapeutiques ont pour objectifs essentiels de développer du lien social, à travers un groupe, et de s’ouvrir sur la cité, sur l’environnement extérieur.

 

Le fonctionnement-type d’un club, qu’il soit intra ou extra hospitalier, répond aussi à quelques principes.

 

Le premier principe est la liberté. Liberté d’adhérer ou non – de participer ou non – de venir par exemple juste pour être ensemble. Les personnes sont libres de venir voir et de partir, ou bien de devenir membres, en payant leur cotisation, voire même de prendre des responsabilités, chacun à son rythme. Cette liberté favorise l’implication personnelle.

 

Deuxième principe : la souplesse de fonctionnement. Il y a certes un règlement intérieur basé sur le respect de la structure et de ses participants, mais il n’y a pas de rigidité formelle dans les modalités de participation, ce qui permet de prendre en compte la dynamique à la fois du groupe et des personnes individuellement en respectant la créativité de chacun.

 

Troisième principe : l’autonomie, qui se décline à plusieurs niveaux. L’autonomie du club par rapport aux tutelles, qui permet aux usagers d’accéder eux-mêmes à une autonomie, au sein du club, qui peut après s’étendre au champ plus général de leur vie quotidienne. Autonomie administrative et financière (même si celle-ci est relative en fonction des clubs), autonomie dans le choix des activités, celles-ci étant choisies conjointement par les adhérents et changeant souvent, autonomie par rapport au règlement général qui est voté, autonomie par contre relative par rapport aux soins, certains clubs dépendant d’une structure sanitaire.

 

L’autonomie est cependant un des objectifs recherchés par les clubs, où on souhaite que les adhérents soient mobilisés, en tant que sujets, et donc amenés à prendre des responsabilités dans la vie du groupe. Ils participent par exemple à la rédaction du règlement, au choix des activités, selon leurs attentes. Ils participent également à l’élaboration du budget, ce qui permet une confrontation signifiante et formatrice des désirs à la réalité.

 

Le fonctionnement au quotidien des clubs

 

Le fonctionnement des clubs repose sur quelques outils incontournables.

 

Le club est généralement porté par une association loi 1901. Ce qui implique une vie de bureau, des réunions régulières et des instances comme le Conseil d’Administration et l’Assemblée Générale.

 

Les activités proposées peuvent être très variées, et ne sont pas fixées à priori, puisque régulièrement choisies et votées par le bureau. Cependant, certaines activités, qui présentent un intérêt à plusieurs niveaux, sont organisées de façon à peu près constante, dans tous les clubs.

 

Il y a souvent l’existence d’un journal, d’une « feuille de chou », au rythme de parution variable, qui assure une liberté d’expression sur des sujets variés (allant de sujets très personnels, à des considérations générales sur des sujets d’actualité). Le journal permet aussi, par l’inscription du nom de l’auteur associée à l’article, la restitution d’une identité de sujet. Le journal, enfin, permet une ouverture sur l’extérieur, par sa diffusion dans le quartier ou dans les familles.

 

La plupart des clubs disposent d’un local, parfois loué, parfois prêté par une association ou une structure sanitaire.

 

La vie associative du club s’organise presque toujours autour d’un bar sans alcool, offrant l’occasion de discuter autour d’un verre, situation de rencontre par excellence, très bonne occasion de renouer avec la vie sociale et de rompre l’isolement dont souffrent fréquemment les patients. Le bar, qui est géré par les usagers, est aussi l’enjeu d’échanges matériels : achats, dépenses, circulation d’argent. Cette autogestion permet ainsi une prise de responsabilités vis-à-vis du groupe, et des échanges.

 

Très souvent, les clubs organisent des repas qui représentent plusieurs intérêts thérapeutiques ou de soutien pour les patients. D’abord, ils permettent de partager un repas équilibré dans un environnement convivial. Ensuite, chaque étape de la chaîne aboutissant à la confection du repas (menu, budget, évaluation des quantités en fonction du nombre, courses, cuisine, diététique, hygiène, partage) est une occasion de s’entraîner, de faire avec les autres et peut-être d’apprendre pour faire ailleurs qu’au club.

 

Enfin, les différentes sorties, activités artistiques et culturelles sont à la fois un vecteur de développement personnel avec accession à  une dimension créative et une ouverture sur l’extérieur, la ville et les autres associations.

 

En conclusion

 

Les clubs thérapeutiques ont eu une portée fondamentale hier ; en permettant de réanimer la vie asilaire, en changeant la relation entre soignants et patients, en permettant aussi à ces derniers de s’autonomiser, de prendre des responsabilités et de s’ouvrir sur l’extérieur.

 

Même s’ils sont moins nombreux aujourd’hui, ils restent un espace essentiel où s’articulent le sanitaire et le social.

 

Par ailleurs, bien qu’ils existent dans des contextes variés, même si souvent créés selon le modèle associatif, les clubs thérapeutiques d’aujourd’hui ont des objectifs communs : l’accompagnement et l’accueil des usagers - le soutien à la prise d’initiatives et de responsabilités au sein d’un groupe, en favorisant notamment les relations sociales et en permettant ainsi à la fois de retrouver une autonomie et de rompre l’isolement – et enfin, l’ambiance marquée par la convivialité et une grande liberté, notamment par rapport aux autres structures tant sanitaires que médico-sociales.

 

Exemple de club thérapeutique belge, La Traversière (Nivelles)