Se soigner

 

 

« Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie,

c'est l'homme même qui disparaît. »

(François Tosquelles)

 

« Est-ce qu’une psychose avec traitement antipsychotique peut récidiver ? »

« Le fait de connaître notre diagnostic nous rend-il plus fragile ? »

« Est-ce que je peux diminuer de moi-même le traitement ? »

« J'ai l'impression que les symptômes négatifs resteront toute ma vie... »

« Mon neuro peut-il être pris par injection ? »

« Je n'arrive pas à sortir de chez moi, et pourtant j'aimerais être mieux suivi... »

« Comment remonter la pente après une BDA ? »

« Est-ce que j’ai besoin d’un traitement à vie ? »

« Je suis phobique et on m’a parlé de TCC ; est-ce que c’est efficace ? »

« Est-ce que ce n’est pas dangereux de faire une psychanalyse ? »

« Je vais beaucoup mieux, pourquoi je n’arrêterais pas le traitement ? »

 « Comment être sûr de la compétence de ce psy ? »

« Est-on mieux suivi dans le privé ? »

« J'en ai marre des effets secondaires... »

« Est-ce que ma psychothérapie peut être remboursée ? »

« Est-ce que, avec le traitement, je redeviendrais comme avant ? »

« Comment avoir accès à mon dossier médical ? »

« On ne m’a rien dit, rien expliqué… Comment connaître mon diagnostic ? »

 « En quoi le fait d’être suivi par plusieurs personnes est-il un plus ? »


 

« Se soigner » fait référence à beaucoup de choses… Au traitement médicamenteux bien sûr (qui est à adapter à chaque usager et qui peut nécessiter, selon les cas, un temps d’ajustement plus ou moins long). Mais pas que. Car dès lors d’une action fait office de soins, on peut considérer qu’elle a une fonction thérapeutique.

 

Certains usagers s’accordent ainsi à dire que le traitement thérapeutique par la parole qu’ils suivent en parallèle (psychothérapie, psychanalyse, groupe de paroles…) est tout aussi important que les médicaments. D’autres parleront de leur expérience avec l’EMDR, de la thérapie cognitivo-comportementale ou de la psychoéducation. D’autres encore évoqueront l’intérêt d’avoir suivi une thérapie familiale avec leurs proches. Bref.

 

Mais ce qui est efficace pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre…

 

De plus – même si cela paraît être une évidence – toute approche thérapeutique, qu’elle soit médicamenteuse ou autre, n’est efficiente que dans le cas d’une étroite collaboration entre l’usager (le patient) et le(s) professionnel(s). L’usager doit être acteur de son projet thérapeutique, et respecté en tant que tel. Et même s’il peut vivre des épisodes qui entament sa lucidité, son esprit critique et son autonomisation (par exemple, lors de bouffées délirantes) - il n’est jamais souhaitable qu’il soit infantilisé, comme c’est parfois le cas dans certaines situations. Bien au contraire, il doit être partie prenante du projet de rétablissement qu’on lui propose. Et c’est seulement ainsi que ce projet sera viable et efficace à court comme à plus long terme.

 

Mis à part ces évidences (mais qui, comme beaucoup d’évidences, ne sont pas si pratiquées…), il est donc intéressant de rappeler que, même si les médicaments, notamment dans certains troubles (schizophrénie, bipolarité…) sont souvent indispensables, les approches thérapeutiques parallèles sont utiles. Et occupent d’ailleurs de plus en plus une place fondamentale. Utiles notamment pour comprendre l’origine et les facteurs déclenchant de ses symptômes, utiles aussi pour apprendre à mieux connaître ses propres « signaux d’alarme » et à mieux les gérer.

 

Par ailleurs, toujours dans l’idée d’une « approche globale », les services de soins sont de plus en plus souvent animés par une équipe pluridisciplinaire. Ainsi, l’hôpital, comme cela a été longtemps le cas, n’est plus seul comme lieu de soins. Et peut s’appuyer sur l’existence de structures médico-sociales aussi diverses que : les CMP (Centres Médico-Psychologiques), les SAMSAH (Services d’Accompagnement Médico-Social pour Adulte Handicapé), les structures de soins spécialisées (comme les CSAPA ou les CAARUD pour les usagers qui ont aussi une problématique d’addictions à gérer) – ainsi que des structures permettant également de pratiquer des activités artistiques thérapeutiques, comme les CATTP (Centres d’Accueil Thérapeutiques à Temps Partiel) ou les clubs thérapeutiques

 

Ces lieux de soins qui permettent de créer des liens sociaux sont d’autant plus importants que, quand on est malade – surtout au début de la maladie – on se sent souvent exclu. Et de ce fait, on s’exclut aussi souvent. L’isolement est ainsi fréquent chez les usagers en santé mentale. Qui peuvent être parfois tentés d’arrêter leur traitement, dès lors que personne n’est là pour leur rappeler que celui-ci est nécessaire temporairement, voire indispensable sur le long terme.

 

Une prise en charge globale, proposée par une équipe hétérogène pluridisciplinaire (composée aussi bien de soignants que de personnels éducatifs) permet aussi de prendre en compte aussi bien l’aspect psychique, physique, somatique et social du patient. Et cet accompagnement, qui sera personnalisé au plus près des besoins de l’usager, favorisera son autonomisation et son évolution psycho-sociale. Avec toujours cette idée que l’usager et l’équipe seront co-acteurs du projet et du parcours thérapeutiques.

 

C'est souvent donc une combinaison et/ou une alternance de plusieurs approches qui permettront de diminuer les symptômes et d’améliorer la qualité de l’existence.

 

Mais comme écrit plus haut, à chacun sa stratégie thérapeutique et son choix de parcours !